Goodbye Tsugumi

Je n’avais lu qu’un seul livre de Banana Yoshimoto: Kitchen. C’était pour le concours d’entrée à mon DESS (plus un examen qu’un concours d’ailleurs), et j’avais pris le livre le plus fin que j’avais pu trouver. Kitchen racontait une histoire simplette, un truc de petite fille sur la forme, mais ça m’avait retourné (serais-je une petite fille dans l’âme? :lol: ). Je l’ai relu il y a quelques temps, et ça m’avait fait à peu près le même effet, l’effet de surprise en moins. Un livre formidable. Alors j’ai acheté Goodbye Tsugumi, un autre livre de Yoshimoto.

J’avais lu Kitchen en français, mais ce livre-ci, je l’ai lu en anglais (je devrais me mettre à lire en japonais, mais j’ai la flemme car ça me demande bien plus d’efforts; il y a forcément des mots que je connais pas, ce qui trouble ma lecture). Et bien… je trouve le français bien plus adapté au style de Yoshimoto. Les prochains livres de Yoshimoto, je les lirai en fraņçais (ou en japonais si j’arrive à me motiver un jour).

Le style littéraire est identique à celui de Kitchen. La qualité technique (littéraire) du récit d’évênements est simplement formidable. C’est un style largement épuré, qui avec des mots simples arrive à évoquer des sensations et des impressions très complexes. C’est bien simple, je n’ai jamais lu des écrits qui arrivaient à retranscrire ce genre d’impression. C’est un style largement nostalgique, toujours au passé, qui ne raconte que des tranches de vie (les mêmes tranches de vie dont Proust parle dans les derniers paragraphes de Du côté de chez Swann). L’histoire ne raconte pas tout, mais juste des passages choisis de quelques minutes. Je pense que notre mémoire sélective fonctionne de cette manière; par exemple, si j’essaie de me rappeler de (par exemple) mon été 1996, c’est exactement ce dont je me rappelle: plusieurs passages de quelques minutes, des réflexions éphémères (pas si éphémères que cela finalement 😉 ), des impressions ponctuelles, des situations ou dialogues restés dans ma mémoire; tout cela est devenu représentatif de cet été-là.

Goodbye Tsugumi, c’est donc dans ce style. La notion de temps est assez floue, alors chaque paragraphe commence par “quelques jours après”, mais comme on n’a pas de point de référence, on ne sait jamais trop où on en est. On sait ce qu’on doit savoir, comme par exemple si c’est l’été ou l’hiver, car cela a une importance dans l’histoire.

Le thème de l’histoire est simplissime; le narrateur se rappelle quand elle habitait près de la mer, et de sa meilleure amie qui s’appelait Tsugumi. Tsugumi était fragile et proche de la mort, et le livre raconte les relations du narrateur avec Tsugumi, la famille de Tsugumi, ainsi qu’avec sa propre mère et son père. Très simple. Des thèmes vont se dégager petit à petit, les thèmes apparemment habituels de cet auteur; le développement psychologique des jeunes, la jeunesse en général, l’impact psychologique de la maladie/mort sur les hommes, la perception du passé, etc.

J’aime beaucoup son écriture, et je retire véritablement quelque chose de ses livres. Goodbye Tsugumi se lit très facilement, comme l’était Kitchen également. J’ai beau avoir retiré beaucoup plus de Kitchen que de ce livre, cela reste une œuvre impressionante pour moi, et je vais sans doute dans les années à venir lire tous les livres de Banana Yoshimoto (en français si disponible). Personnellement, je recommande à tout le monde d’essayer de lire au moins un livre de Banana Yoshimoto. Ça plait, ça plait pas, de toute façon il n’y a rien à y perdre, mais pour ceux en quête d’auteurs qui pourraient plaire, je signale que j’aime énormément ce qu’écrit cet auteur.