Des (mauvaises) nouvelles

Ryu est malade.

Le 17 juillet, la crèche nous appelle pour dire que Ryu a une poussée de fièvre. 37,5゜, c’est pas trop grave. Le soir on va voir la toubib, et le lendemain matin sa température redevient normale. L’après-midi, on ira d’ailleurs au matsuri de la crèche. La fièvre reviendra le soir, pas bien haute encore. Dimanche, pas de fièvre le matin, et retour d’une petite fièvre le soir. Le lundi, férié au Japon, pas de fièvre pendant la journée, mais un bon 38゜ le soir. On décide de ne pas l’amener à la crèche, Yukiko prend un jour de congé.

Mercredi, la mère de Yukiko vient nous garder Ryu. Pas de fièvre dans la journée, mais il monte à 39゜ d’un coup vers 17h. Panique à bord, la mère de Yukiko l’amène chez le même toubib que d’habitude (un gros ponte local de pédiatrie, connu, qui a écrit des bouquins, qui est recommandé par la mairie, etc). Le toubib pas inquiet, diagnostique une otite par dessus le thume déjà trouvé précédemment. Pas de besoin de médicament, ça guérira tout seul quand le rhume sera guéri, car la cause se trouve dans les écoulements nasaux qui vont dans l’oreille et l’infecte (il y a un conduit entre le nez et les oreilles figurez-vous, pour aider à réguler la pression dans les oreilles). Il prévient que la fièvre va faire des hauts et des bas, et demande à ce qu’on revienne le voir en fin de semaine.

On accompagne Ryu chez ma belle-famille (150 km pour ma pomme à traverser Tokyo dans un sens puis dans l’autre un mercredi soir…total environ 3h-3h30 de route, retour à la maison à 1h du matin sans Yukiko qui est restée logée chez ses parents, tout en allant travailler jeudi et vendredi). Je suis allé chercher Yukiko et Ryu le samedi matin, et mes beaux-parents étaient rincés de s’être occupé de Ryu pendant 3 jours.

Jeudi et vendredi, aucune amélioration dans la santé de Ryu; la fièvre oscille en permanence entre 37゜ et 38,5゜ sauf le matin. Le nez bouché en permanence, Ryu dort mal, tousse de folie et fait un drôle de bruit quand il respire (genre le même bruit que lors d’une crise d’asthme). Samedi matin, on retourne voir notre toubib habituel. Qui persiste dans son otite, sans plus d’explication. Il prescrit les mêmes médicaments depuis 10 jours, ne nous dit pas combien de temps cet état est censé durer, bref ne nous renseigne sur rien. Sa salle d’attente est pleine à craquer en permanence (on n’a jamais attendu moins d’une heure dans sa salle d’attente), et il n’a qu’une envie, passer au client suivant. On a le temps de demander l’origine du bruit de la respiration de Ryu, et il nous répond que c’est dû aux écoulements nasaux dans la gorge. Son stéthoscope ne décèle en effet rien d’anormal dans les poumons.

Et enfin, la fièvre de Ryu va disparaître le restant du samedi et dimanche. Le nez plein, les toussements, la respiration bruyante sont toujours là, eux, quoiqu’on croit déceler une légère amélioration. Alors on emmène Ryu à la crèche lundi (27 juilllet donc, 10 jours se sont écoulés depuis les premiers symptômes). La crèche appelle Yukiko en début d’après-midi car Ryu a 38゜ de fièvre. Yukiko emmène Ryu aux urgences de l’hôpital Rosai, l’hôpital où elle a accouché l’année dernière. Le Rosai, je le rappelle, est un hôpital “comme chez nous”, un CHU énorme avec tous les services possibles et les docteurs qui vont avec.

Le toubs des urgences examine Ryu. Ryu est en forme, mais il est toujours en forme quelque soit sa température (à 39゜ il gambadait encore à 4 pattes après les chats).

Le toubs: “Ça a l’air d’aller bien, en dehors des symptômes de rhume et d’otite…vous dites que ça fait 10 jours que ça dure? Uhm…on fait une radio et une prise de sang pour s’assurer que tout va bien?”

Bien sûr, on n’attendait que ça, que quelqu’un vérifie que tout aille bien (ou pas).

Résultat de la radio: tâche sombre dans les poumons.

Le toubs: “Ah…ch’est pas bon, cha. J’ai une idée de ce que c’est, mais on va vérifier avec l’examen sanguin, hein.”

Ryu a une pneumonie.

Le toubs: “Ah bah, on va vous le garder en fait. Combien de temps? Oh, 7 jours. Minimum. Sans doute 7 jours, mais minimum 7 jours. Maximum? Oh, 10 ou 11 jours.”

Yukiko va rester avec Ryu à l’hôpital toute la semaine. Ils ont fait un peu la gueule dans sa boite quand elle leur a téléphoné pour leur dire, mais c’était sans doute la surprise. Je suis passé les voir ce soir, et j’ai pris la relève de Yukiko (si on peut dire) pour 1h30, le temps qu’elle aille prendre toutes les affaires nécessaires pour son séjour d’au moins une semaine.

Pendant cette heure et demie, Ryu s’est pris quelques traitements…genre une inhalation de 5 minutes (il n’a pas aimé) et une aspiration de tout ce qu’il y a dans le conduit nasal…le tube qu’on lui a enfoncé allait bien profondément. D’après l’infirmière, c’est quelque chose de douloureux qu’elle lui a fait. Et on va lui faire quelques fois par jour cette semaine. Et puis il y a la perfusion aussi; d’après Yukiko, il n’a pas aimé quand on lui a posée. Pauvre bonhomme.

Ryu devrait sortir dimanche si tout se passe bien.

Début du congé de 8 mois

Yukiko est en congé de maternité depuis le week-end dernier. Ça veut dire qu’il ne reste plus qu’environ 6 semaines avant l’accouchement (mi-septembre). Elle devrait reprendre le travail vers avril prochain (ça y est, on s’est déjà fait dire que c’était pas bien de laisser son enfant à la crèche aussi vite et que la mère devrait se reposer au moins un an! On l’attendait, alors ça nous a fait sourire plus qu’autre chose). Il y a peu de chances qu’elle s’ennuie d’ici à l’accouchement (elle est toujours à travailler sur quelque chose, son français par exemple), mais à tout hasard je vais lui faucher sa visa (je blague, ohlala).

L’état donne une prime quand vous faites un enfant (350000 JPY (2088 €) si je me rappelle bien), quelques temps (2 mois? -> A vérifier) après l’accouchement. Ça veut dire que vous devez débourser une fortune en sortant de l’hôpital, et l’état vous en reverse une partie après coup. On a récemment appris que la boite de Yukiko (toute petite filiale inconnue d’un des plus gros groupes de cosmétiques japonais) prenait en charge de récupérer les 350000 JPY versés par l’état, et qu’ils les payaient lors de la sortie de Yukiko de l’hôpital. Donc, ils ne déboursent rien, mais ils avancent l’argent. Je trouve ça très sympa; ça ne leur coûte pratiquement rien (deux mois de cash-out), mais ça équilibre notre compta.

Et puis un petit mot sur l’hôpital Rosai où accouchera Yukiko. Une photo aérienne:

Ça peut paraître banal pour un français de France, mais des gros hôpitaux comme ça, on n’en croise pas des masses par ici. A mon avis, proportionnellement, on en trouve au moins autant qu’en France, mais je sais pas, on les remarque moins. Moi, c’est le premier gros hôpital que je voyais au Japon.

C’est un hôpital public, non rattaché à une université (genre “CHR” plutôt que “CHU”). Mais “public” ne veut pas dire “moins cher” au Japon. Voire même, il doit bien y avoir des cas où ça veut carrément dire “plus cher”. En l’occurrence, pour l’accouchement, il y a des cliniques qui coûtent bien moins que les 550000 JPY qu’on va payer au Rosai (il y en a qui coûtent bien plus aussi).

Juste pour donner une idée de la hauteur des bâtiments, une autre photo:

Genre, ça ressemble à nos gros hôpitaux français. De visu, ça m’a l’air sensiblement similaire à la taille du CHU de Nantes.

On n’a plus que 6 semaines pour acheter tout ce qu’il faut pour le bébé, et tout ce qu’il faut pour l’hospitalisation de Yukiko (elle a reçu de la part de l’hôpital une liste d’une trentaine d’articles à ramener). Rien que pour ça, ça mérite que je lui laisse sa visa (je blague, je répète).