L’engueulade du grand-père

Les trains au Japon, ils dépotent. Quand les portes s’ouvrent, c’est un grand flot qui se déverse, puis un autre grand flot dans le sens inverse. Il ne fait pas bon être devant les portes aux heures de pointe, car on sait qu’au prochain arrêt où les portes s’ouvriront de son côté, on va être rushé dehors, en n’étant pas complètement sûr à 100% de pouvoir re-rentrer après. Mais ce n’est pas comme si on avait le choix de là où on se trouve dans le wagon, pendant les heures de pointe.

Pendant les heures creuses, le réflexe reste (et ça me semble logique); on ne reste pas devant une porte, car on va gêner ceux qui descendent et ceux qui montent. Il y a quelques jours en journée, c’est à dire avec les wagons vides, il y avait un tout jeune écolier (dix ans ou un peu moins) qui se tenait devant les portes, jouant à la DS, son cartable par terre. Ça me semblait clair qu’il gênerait si quelqu’un voulait descendre, mais je n’avais aucun doute qu’il ne s’était pas rendu compte qu’il était du côté qui allait s’ouvrir à la station suivante, et qu’il dégagerait quand les portes s’ouvriraient.

Les portes se sont ouvertes…une personne agée est descendue (un pépé tout courbé) par ces portes…et l’écolier n’a pas bougé! Il s’en battait l’œil comme de Pearl Harbor. Le pépé a commencé à lui faire des remontrances, et pris sans doute par un coup de sang…comment il a engueulé l’écolier! “Ton cartable, là, on se prend les pieds dedans! Qu’est-ce que tu fous là bon sang, dégage sur le côté! Réfléchis un peu!” etc…

Bon, l’écolier avait tort, et qu’est-ce qu’il s’est pris! Pas d’insultes ou de nom d’oiseaux, mais une voix forte, agressive et pleine de réprimandes…un échange (à une seule voie, car l’écolier n’a rien répondu) musclé, mais poli.

Et l’écolier, donc, n’a rien répondu. Une fois le pépé parti, il a rengainé sa DS pour 10 secondes, ramassé son cartable, et a dégagé sur le côté.

Ça me laisse songeur des scènes comme cela.