Frôlage de mort

Des fois, on frôle la mort. Souvent on s’en aperçoit après, mais des fois on sait avant de faire quelque chose qu’on risque gros.

Par exemple, le jour où j’ai failli me noyer aux Sables d’Olonne, j’ai frôlé la mort de très près. J’avais quand même eu droit à un camion de pompier et à une ambulance sur la plage. Et aussi à un tout petit article de journal. Et sincèrement, j’étais pas passé loin des odeurs de sapin.

Mais il y a eu d’autres occasions, peut-être un peu moins évidentes, où il ne manquait pas grand chose pour que la grande dame avec sa faux vienne me voir.

En mai dernier, on nous a installé une antenne TV (un sous-traitant de Yodobashi Camera). Celle-ci est attachée au mur à deux endroits:

Samedi d’il y a deux semaines, il y avait un orage sur Yokohama; vent violent, pluie, etc. Le soir (21h), j’entends comme un bruit sourd et régulier. Je le localise: c’était l’antenne, dont le point d’appui du haut était décollé du haut. Tous les clous/vis étaient au sol. Et je voyais la barre verticale de métal s’écarter du mur de 5 cm, puis revenir le frapper, sous les coups du vent, toutes les X secondes. La barre métallique n’est pourtant pas souple…mais le vent était assez fort pour avoir un tel phénomène. Je me suis demandé si le point d’attache du bas allait résister, et ce qui se passerait si l’antenne se décrochait complètement du mur; pour sûr ç’aurait été un tas d’ennuis, car il y avait risque que l’antenne aille se fracasser contre la maison du voisin qui se trouve en bas du balcon, et alors là, bonjour les dégâts (au propre comme au figuré).

(par dessus le balcon: un grand vide de 15 mètres avec une maison en bas)

Je me précipite sur le téléphone, appelle Yodobashi Camera, qui me répond que comme il est 21h un samedi soir, je vais devoir patienter jusqu’au lendemain. Gueuler sur le gars au téléphone ne changera pas grand chose, pensè-je alors, et je me contentai de lui signifier que je ferai de mon mieux pour réparer temporairement les choses, mais que si je n’y arrivai pas et qu’il y avait des dégâts dû à l’antenne, ils entendraient parler de mon avocat.

J’ai donc décidé de remettre une vis en place moi-même. Sauf que l’attache supérieure de l’antenne est à plus de 3 mètres de haut, et que je ne possède pas d’escabeau. Alors, j’ai décidé de grimper sur le rebord du balcon, et sur la pointe des pieds, en tendant bien les bras au maximum, mes mains arrivaient juste à la bonne hauteur.

Je me suis retrouvé une nuit d’orage, sur la pointe des pieds sur le rebord de mon balcon et les bras tendus vers le haut, avec un vide de 15 mètres derrière moi. Une main plaquant l’antenne au mur, l’autre enfonçant et vissant une vis dans le mur. Sur le moment, c’était une impression apocalyptique, complètement irréelle. Un bon gros coup de vent dans le mauvais sens, une perte d’équilibre, le rebord du balcon qui flanche, et mon compte était réglé.

L’opération (un succès) m’a prise trois minutes. J’en ai eu des courbatures dans le dos et les bras pendant 3 jours.

La compagnie qui avait posé l’antenne est venue une semaine après (samedi dernier). Ils ont remis en place une bonne dizaine de vis. Et ils m’ont demandé 5250 JPY (31.5 €) pour leur intervention.

“Euh…dites les gars, vous croyez quand même pas que je vais vous payer alors que c’est de votre faute?”

Les gars ne savaient apparemment pas que c’étaient leur compagnie qui avait posé l’antenne à l’origine. Alors ils n’ont pas insisté.

Bon, cette histoire, c’est du pas de bol qui s’est bien finie. Moi j’ai eu plus d’émotions que de monter dans une montagne russe (les 3 minutes de frousse que j’ai eues!); c’était marrant finalement.

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